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 Run - LIBRE

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Sybile
Maudite
Sybile


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MessageSujet: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptyJeu 2 Aoû - 8:53

Les bourses étaient au rendez-vous. Le chant et la danse gracieuse de Sybile avait attiré beaucoup de passants. Ses muscles fins et noueux lui donnaient une maîtrise absolue de ses mouvements et de son corps, créant ainsi avec peu d'efforts, une chorégraphie plus que plaisante. Bien sûr, tout ce travail ne serait rien dans l'aide de Junna, qui du coin de l'œil veillait à ce qu'il ne lui arrive rien.
Le spectacle n'avait qu'un but : repérer les gens les plus généreux, afin de pouvoir ensuite voir si leurs porte-monnaies étaient à l'image de leur don. Et puis, souvent, il rapportait de quoi manger un ou deux repas chaud. C'était aussi le seul instant ou Sybile arrivait à oublier ses bandages, les blessures. Elle n'était plus qu'une jolie jeune femme, dansant avec grâce sur une place de marché.

Elle repéra que peu cibles ; comme elle s'y attendait, les habitants de Honshu ne roulaient pas vraiment sur l'or. Il y avait quelques marchands plus sympathique que d'autres, mais ils donnaient plus par compassion et curiosité qu'autre chose. Les gens riches de la cité se trouvaient certainement dans l'enceinte du palais ou tout du moins, au plus proche de celui-ci. Mais, jamais elle ne pourrait y mettre les pieds. Qui ouvrirait les portes pour une fille comme elle ? Personne. Et ça, Sybile le savait très bien. De sa voix douce, elle contait tout en dansant, les hauts faits d'un héros ancestrale de la région : Suzano. Les enfants étaient ravis. Leurs parents, bien moins de voir une étrange raconter les légendes locales.

Bien vite, Sybile comprit qu'elle n'aurait guère plus que ce qui se trouvait déjà en sa possession. Mais, elle termina tout de même sa prestation. Une fois le conte achevé, elle fit un salto, qui tira aux enfants une exclamation de surpris. La danseuse leur adressa un sourire avant de rejoindre Junna qui la gratifia d'une tendre caresse sur la tête.
Elles avaient assez pour un maigre déjeuner et une nuit au chaud : c'était déjà amplement suffisant à leur bonheur. Soudain, la jeune femme sentit que l'on tirait avec timidité sur l'arrière de sa robe. Une enfant, un peu sale et maigrichonne, la regardait avec des yeux ronds.

« Que veux toi ? » Demanda Sybile avec un fort accent d'Ingary. Ses voyages lui avaient permis d'apprendre les différentes langues de Jiburi, sans pour autant les maitriser. Mais, la jeune femme partait du principe que, du moment qu'elle était comprise, elle n'avait guère plus d'efforts à faire.
« Jouer !
Enzemble ?
Oui ! Répondit l'enfant avant de courir vers son groupe d'ami. Elle avait dû être désignée pour demander à Sybile si elle voulait bien se joindre à eux.
Le devoir m'appelle ! On se retrouve au point de rendez-vous ! » lança-t-elle en se retournant vers Junna, avant de prendre son congé.

Le petit groupe d'enfant l’accueillit avec des cris de joies, puis ils filèrent dans les rues. Sybile les suivit avec enthousiasme. La plus vieille du groupe ne devait pas être beaucoup plus jeune qu'elle, d'une petite poignée d'année. Les souvenirs de son errance dans le cirque lui revinrent en mémoire et la solitude qui avait accompagné ces années, également.
Ils jouèrent à chat. Et d'autres jeux pendant une personne partie de l'après-midi. Ils s'en allèrent, un à un. Évoquant l'heure du repas, du bain ou tout autre chose. Sybile se retrouva seule. Mais ce n'était pas grave car elle savait que sa renarde devait l'attendre, elle aussi.

La jeune femme s'engagea alors dans les rues nocturnes de Yakushima. Mais une étrange impression lui mordait le ventre. Une sorte de peur et d'angoisse, qu'elle ne pouvait retirer de son estomac, malgré ses propres encouragements mentaux. L'impression prit corps lorsqu'elle vit deux hommes lui barrer la route. Aussitôt, elle sentit la présence d'un troisième dans son dos. Lorsqu'elle essaya de continuer, son chemin, l'un d'eux, lui saisit l'épaule et la renvoya en arrière.
Il portait un kimono et un katana à la ceinture. Son air mauvais n'avait d'égal que celui de ses comparses.

« Qu'est-ce que tu viens faire là, étrangère ? La voix était dure, pleine de haine.
Ne comprends pas, répondit Sybile en durcissant son expression.
On veut pas d'étranger ici ! Retourne chez toi !
Ne compre...
Ne comprends pas ; on a compris, nous ! »
Il arma son poing qui tomba lourdement sur la joue de Sybile. Sonnée, elle recula, percutant légèrement le troisième homme qui lui ceintura les épaules. La jeune femme se mit à ruer dans tous les sens ainsi qu'a juré en ingarien. Elle réussit à porter quelques coups de pied et d'un mouvement ample de la tête, percuta sans ménagement le nez de celui qui la tenait. Son sang coula dans ses cheveux qui devinrent légèrement rose. Il la lâcha. Sybile se mit à courir pour sa vie.
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Mistigri
Esprit
Mistigri


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MessageSujet: Re: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptyMer 12 Sep - 2:25

run
Sybile & Mistigri
Yakushima était une jolie ville, au crépuscule
surtout depuis son perchoir

Si Mistigri n'appréciait pas particulièrement les habitants Honshu à cause de leur prudente méfiance vis-à-vis des esprits, il devait admettre que l'endroit ne manquait pas de charme. Peut-être était-ce le fait que les villes aient mois avalé le paysage qu'en Ingary qui attirait le bakeneko. Il mentirait en prétendant ne pas apprécier de pouvoir se promener sur un sol herbeux plutôt que le dur pavé des routes du royaume voisin. Ou peut-être avait-il simplement un faible pour l'architecture comportant majoritairement du bois..

difficile à dire, peut être n'était-ce rien de tout cela
mais il ne regrettait pas d'être venu

(Honshu lui donnait l'impression d'être un peu plus reposé)
(comme si l'atmosphère le soulageait du poids de quelques années)

Ouvrant la bouche sur un large bâillement, le félin s'étira longuement tandis que le soleil finissait de jeter ses feux colorés dans le ciel. Fin du spectacle. Le rideau noir de la nuit ne tarda pas à tout envelopper. Marchant prudemment jusqu'au bord du toit, Mistigri observa les rues se vider et les lanternes s'allumer. Après le coucher du soleil, il n'y avait plus grand-monde dehors, par ici. Sans doute craignait-on de faire une mauvaise rencontre. Dans l'ombre d'une ruelle, qui sait ce qu'on risquerait croiser ?

kami mal luné, esprit farceur ou militaire antipathique
les habitants d'Honshu avaient de quoi s'inquiéter

Pour sa part, Mistigri s'inquiétait avant tout de trouver de quoi se nourrir. Il n'avait pas encore chassé aujourd'hui, préférant attendre que l'obscurité dissimule un peu mieux sa fourrure blanche pour tenter sa chance. Sans doute aurait-il tourné le dos à Yakushima pour s'intéresser au gibier de ses alentours si une altercation n'avait pas attiré son attention. Pivotant ses oreilles en direction des voix, le félin ne tarda pas à comprendre la situation.

"pas d'étrangers ici"
ses moustaches frémirent de dégoût

Comment espéraient-ils pouvoir développer leur pays s'ils ne communiquaient pas mieux que cela avec leurs voisins ? Les humains faisaient parfois montre d'un ridicule manque de logique. S'il marmonna que ça ne valait pas la peine de s'impliquer, la façon dont le ton monta en quelques instants le fit vite changer d'avis. Lorsque le coup vola, Mistigri s'était déjà rapproché de quelques toits. Qu'avait bien pu faire cette femme pour s'attirer une telle antipathie ?

ce n'étaient pas ses affaires
mais à 3 contre 1, ils exagéraient

S'il fut soulagé de la voir s'enfuir, Mistigri ne s'imagina pas qu'elle était sortie d'affaire pour autant. Il ne faisait pas de doute que les poursuivants de la jeune femme connaissaient mieux la ville qu'elle. C'était un coup à ce qu'elle se retrouve dans une impasse. Il préférait ne pas imaginer comment les choses se dérouleraient, à partir de là. Si ces hommes transportaient des armes à leurs ceintures, ce n'était certainement pas pour l'esthétique.

"pas d'étrangers ici", disent-ils
mais un cadavre d'étrangère les dérangerait moins

Détalant dans la même direction que la jeune femme, Mistigri s'appliqua à ne pas la perdre de vue tout en descendant de quelques étages. Ses poursuivants ne la lâchaient pas d'une semelle, courant assez vite pour ne pas perdre beaucoup de terrain. On aurait pu espérer que leurs armes les gêneraient pour courir. Hélas, ce n'était pas le cas.

(peut-être avaient-ils l'habitude)
(perspective inquiétante, mais pas improbable)

Mistigri ne prétendrait pas connaitre les moindres recoins de Yakushima, malgré ses nombreuses visites, ayant surtout déambulé dans les rues de Kingsburry. Il ne serait donc d'aucune aide pour trouver des raccourcis lui permettant de gagner de l'avance. En revanche, il avait bien conscience que la demoiselle risquait de fatiguer, au bout d'un moment. Descendant encore jusqu'à atteindre le sol, Mistigri décida qu'il pourrait au moins lui faire gagner du temps.

Surgissant d'une ruelle parallèle à celle empruntée par la jeune femme, le félin s'empressa d'arriver à la hauteur de cette dernière. Il jeta un coup d'oeil en arrière, prenant soin de ne pas dépasser l'humaine avant de projeter trois boules de feu dans son dos. Elles volèrent dangereusement près des bâtiments de bois, manquant de peu les poursuivants. Mais l'objectif n'avait pas été de les blesser. Les expressions de surprise et d'effroi que Mistigri distingua dans la lumière dansante des flammes étaient largement suffisantes.

les trois hommes piétinèrent, incertains
il eut un rictus presque cruel

« Change de rue, dépêche-toi. » dit-il, projetant ses pensées vers la demoiselle

Fourrure hérissée, oreilles plaquées contre son crâne, le bakeneko lâcha un miaulement rauque qui sonnait comme un avertissement. Il ne comptait certes pas se battre, mais il pouvait toujours en donner l'impression. S'ils craignaient les esprits, ces hommes ne manqueraient pas d'hésiter sur la marche à suivre. Voire de fuir, dans le meilleur des cas. Projetant d'autres flammes tandis qu'il observait les actions de l'inconnue du coin de l'oeil, Mistigri s'assura que ses poursuivants soient éblouis avant de lui emboîter le pas.

« Si tu as de la chance, ils sont rentrés chez eux en pleurant. railla le félin en arrivant à sa hauteur, Sinon, tu ne devrais pas t'éterniser. » ajouta-t-il avec ce qui ressemblait à un haussement d'épaules

Il n'entendait pas de pas dans son dos, mais peut-être les trois hommes étaient-ils simplement en train de se remettre de leurs émotions. Peut-être n'avaient-ils pas assez peur d'un esprit pour être détournés de la noble mission qu'était assassiner une étrangère. (ou du moins décorer sa peau de bleus, comme celui qu'il put remarquer sur sa joue) Après tout, la défense de leur pays semblait leur tenir à coeur..

il n'avait pas assez de sarcasmes pour exprimer son mépris
pourvu qu'ils soient rentrés chez eux
electric bird.
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Sybile
Maudite
Sybile


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MessageSujet: Re: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptyJeu 13 Sep - 10:47

Courir, toujours plus vite. Chaque foulée était un pas de plus vers la vie, vers sa vie. Alors, Sybile ne s'arrêtait pas. Malgré les rues tortueuses ou les obstacles, elle faisait face. Agile, elle n'avait pas peur de se faufiler là, où, ils ne pourraient à priori pas la suivre, mais les trois hommes connaissaient bien mieux la ville qu'elle, qui ne suivait que son instinct. Il y avait toujours, dans son dos, le ricanement sordide, de celui près à tuer.
La sueur commençait à lui mouiller le dos et lui brûler les yeux, la course-poursuite devait toucher rapidement à sa fin, quelle qu'elle fut. Soudainement, une silhouette se rapprocha d'elle ; une forme qu'elle ne connaissait pas, mais qui était sans doute amie plus qu’ennemie, du moins, elle l'espérait. Avec l'odeur de Junna, sa renarde sur elle, Sybile ne craignait ni les esprits, ni les kamis, qui comprenaient qu'elle était sous la protection de quelqu'un. La jeune femme distingua la couleur blanche, sans pour autant savoir précisément de quoi il en retournait.

Puis, une petite voix dans sa tête, lui demande de changer de rue. Elle hocha la tête et, lorsqu'elle sentit la chaleur du feu près d'elle, tourna dans une ruelle. Pour autant, elle ne s'arrêta pas de courir, mais ses jambes, au bout du compte, cédèrent. Les genoux dans le caniveau, la mine basse et le souffle court, l'artiste faisait peine à voir. Une passante se détourna d'elle, lançant une remarque qu'elle ne comprit pas.
Lentement, elle se redressa et sursauta lorsque son sauveur s’adressa à elle. Il n'était pas humain. Qu'était-il ? A première vue, un chat. Bénéfique ? Maléfique ? Sybile recula un peu, on ne savait jamais trop à quoi s'attendre avec ces bêtes-là. De l'oeil expert du roublard, elle observa la rue, avant de se détendre : ses poursuivants, sans doute trop occupés à retrouver leurs esprits où combattre le feu, étaient partis.
La jeune femme gonfla ses poumons et expira fortement, ponctuant cette respiration, d'un rire franc.

« Merci de m'avoir sortie de ce mauvais pas. » dit-elle en s'étirant. Elle ne devait pas sentir la rose avec cette course effrénée, et puis, il fallait bien avouer que ça faisait peut-être deux ou trois jours, qu'elle n'avait pas pu se laver.
« Toi, t'es pas humain, si ? Ni d'Honshu... » Elle s'approcha de lui, avec un air inquisiteur.

Elle s'éloigna un peu, à mesure d'un bras – celui recouvert de bandages, qu'elle lui tendit amicalement.
« Moi c'est Sybile ! Et toi ? » Soudain, elle réalisa qu'il avait raison et qu'il ne fallait pas trop traîné.
« On ferait mieux de filer ! Tu veux manger un bout ? C'est moi qui invite ! »

Elle n'attendit pas sa réponse : s'il voulait la suivre, il n'avait qu'a venir. Sinon, il pourrait se draper dans l'anonymat et disparaître. Il serait alors, dans sa mémoire ''le chat'' et rien de plus. C'était peut-être parce que Junna était elle-même une esprit, mais, Sybile avait envie de faire sa connaissance, d'essayer de repousser un peu plus les limites de son petit univers, mais également, d'apprendre plus de choses à propos de sa cible, pour enfin essayer d'apaiser la haine qui grondait sous le masque de bonne humeur et de joie. Elle sentit une présence auprès d'elle et se dit que, l'attrait d'un repas pouvait décidément convaincre tout le monde.

« T'en fais pas pour... Comment dire, mon amie la plus proche est une kistune, du coup, les esprits, je connais un peu. T'es une sorte de chat ? C'est quoi ton truc ? » la question était sans doute un peu mal placée et trop personnelle, mais elle était comme ça. Parler était un outil pour maîtriser la situation.

Finalement, ils arrivèrent devant un restaurant de nouilles traditionnelles. Sybile savait que les esprits pouvaient manger de la nourriture humaine sans soucis. Après tout, Junna était une excellente cuisinière. L'établissement était petit et vétuste, mais le nombre de personne avalant de longues pâtes trempant dans du bouillon, assurait la qualité du repas. C'était une petite astuce qu'elle avait mise au point, lors de ses voyages en Honshu : pour l'excellence, ces gens étaient près à faire des heures de queues. Fort heureusement pour eux, la soirée étant avancée, le nombre de candidats au bol de ramen était bien réduit.

« Ça te dis de manger là ? Moi en tout cas, j'ai les crocs. Oublie pas de ranger tes oreilles ! » la question était polie, mais ne laissait pas vraiment une grande marge de manœuvre. Et puis, il fallait avouer que, c'était le seul restaurant de la rue.

Poliment, Sybile entra. Une délicieuse odeur de viande et de légume flottait dans l'air. La patronne, une dame qui semblait sans âge les salua et d'un geste de la main, leur indiqua une place à prendre devant le cuisinier. Ce dernier portait la moustache et avait sur le visage, une expression aussi tranchante qu'une lame d'Honshu. Le menu consistait en trois menu écrit à l'encre sur des plaques en bois. Sybile ne savait pas lire, mais elle commanderait à l'instinct.

« Prends ce que tu veux, hein ! » le rassura-t-elle d'une voix aimable, au cas où, il hésiterait à se faire plaisir, par peur de la mettre sur la paille.

Quelques minutes plus tard, la patronne s'avançait vers eux pour prendre leur commande.
« Que voulez-vous manger ? Nous avons trois menus différents. La boisson n'est pas comprise dedans, si vous en voulez une.
— Je vouloir ramen avec viande, œuf et shiso, s'il vous plaît. » baragouina Sybile avec son accent maladroit et sa conjugaison approximative. La serveuse se tourna alors vers le chat et d'un air obligée, attendit qu'il passe commande.
Une fois satisfaite de sa réponse, elle s'en alla et d'une voix sonore que son corps fin n'aurait jamais laissé paraître, indiqua au chef, le contenu de leurs commandes. Un léger silence s'installa ensuite, il n'y avait que le tintement des baguettes en bois contre les bols en porcelaine, le crépitement gourmand de la viande sur le grill avait de rejoindre la soupe et l'étrange son, que faisait les gens d'Honshu, lorsqu'ils avalaient leurs repas.
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Mistigri
Esprit
Mistigri


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MessageSujet: Re: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptyMar 18 Sep - 16:44

run
Sybile & Mistigri
elle semblait en forme
outre le bleu et l'essoufflement

Malgré l'obscurité, Mistigri était certain que l'humaine ne portait pas plus de blessures que celle au visage. Un bon point, même si elle n'en faisait pas moins peine à voir. Epuisée et couverte de bandages, son interlocutrice n'avait pas fière allure. Ca ne l'empêcha pas de partir d'un grand rire, faisant légèrement sursauter le chat qui ne s'attendait pas vraiment à ce qu'elle trouve ça drôle. Ou qu'elle prenne aussi bien d'avoir affaire à un chat parlant pour commencer. Au moins, ça voulait dire qu'elle comprenait la langue commune.

il n'était pas humain
c'était le moins qu'elle puisse dire

Mistigri eut un hochement de tête en guise de réponse, la regardant approcher de ses yeux d'or. Elle portait une curieuse odeur. Si on omettait celle de la terre et de la transpiration, quelque-chose d'inhabituel persistait. Quelque-chose qu'il n'avait que rarement senti sur des humains, à vrai dire. Ca avait probablement trait à un yōkai, bien que le bakeneko n'en aie pas fréquentés assez pour savoir de quelle espèce il pouvait s'agir.

c'était peut-être bon signe ?
il frotta son museau contre sa main tendue

(puisqu'il ne pouvait pas la serrer, sous cette forme)
(ça ferait office de salut)

« Mistigri. répondit-il avant de lui jeter un regard en biais, Quel genre de personne invite n'importe-qui à manger comme ça ? » grommela le félin, méfiant

Etait-ce un piège ? Etait-elle l'une de ces sorcières douteuses qui utilisaient des esprits pour expérimenter avec leurs pouvoirs et rituels ? Ca expliquerait son absence de surprise en l'entendant parler. Sa présence ne lui faisait pourtant pas le même effet que celle des sorciers. Il y avait des traces de magie, pour des raisons que le bakeneko ne saurait identifier.. mais pas les mêmes. C'est avec des yeux méfiants qu'il regarda Sybile s'éloigner.

jusqu'à ce que son estomac décide pour lui
ce grondement ne pouvait vouloir dire qu'une chose

Il trottina à sa suite, non sans avoir levé les yeux au ciel pour faire bonne mesure. Voilà un bout de temps qu'il n'avait pas mangé de nourriture humaine, ce serait l'occasion. Pourtant, la méfiance persistait. Elle semblait être d'Ingary, là où on se méfiait moins des esprits, mais ça n'expliquait pas tout. A son 3e coup d'oeil curieux, Sybile prit la parole, comme si elle avait senti son doute.

elle avait une amie kitsune
d'où l'odeur inhabituelle

« Une sorte de chat.. j'imagine que c'est un bon résumé. miaula-t-il avec une expression qui pourrait s'apparenter à un sourire en coin, Un bakeneko. Et tu as raison: je ne suis pas d'Honshu. » ajouta-t-il en se rappelant de ses suppositions

Peut-être ne l'aurait-il pas aidée, s'il avait été d'Honshu. Ce serait un comportement ridicule, mais après avoir vu ces humains la courser.. difficile de le trouver improbable. D'ailleurs, il en pouvait s'empêcher d'être surpris de la voir aussi peu secouée. Ce bleu devait faire mal. La course poursuite ne pouvait pas être une expérience rassurante non plus. Avait-elle l'habitude ? La possibilité lui laissait un goût amer dans la bouche. Voilà que Sybile le rendait curieux.

Une odeur de nouilles vint chatouiller ses moustaches lorsque la jeune femme s'arrêta de marcher. Ils avaient atteint un des restaurants traditionnels de Yakushima, il semblerait. Levant le museau vers l'entrée, Mistigri évalua l'établissement du regard. Pas trop rempli, probablement à cause de l'heure. Pour travailler comme ils le faisaient, les humains devaient se coucher tôt. Avec une odeur pareille, ces nouilles ne pouvaient pas être mauvaises.

elle lui conseilla de ranger ses oreilles
il eut un soupir mais disparut dans une rue parallèle

Tandis qu'elle entrait dans le restaurant, Mistigri fit glisser la pochette bleue de son cou. Comme il avait horreur de devoir 'changer' de façon inopinée. Pas qu'il aie un tant soit peu de pudeur, étant avant tout un chat, mais les humains réagissaient généralement de façon étrange.. Profitant de l'obscurité, Mistigri prit forme humaine et ne perdit pas de temps pour enfiler les vêtements rangés dans sa pochette.

une tenue à l'allure ingarienne qui ne l'aiderait pas à rester discret
mais avec un visage comme le sien, c'était perdu d'avance

Ajustant les vêtements et glissant l'objet magique dans l'une de ses poches, Mistigri s'engagea à son tour dans le restaurant. Il n'avait pas mis longtemps: Sybile jetait un oeil au menu. L'odeur de nourriture était décidément alléchante, mais le bakeneko s'efforça de garder sa concentration. Des fois que ses oreilles de chat se pointent dans un moment de distraction.

« Tu dis ça comme si tu roulais sur l'or. » marmonna-t-il tandis qu'elle insistait pour qu'il prenne ce qui lui plaisait

Mistigri doutait que ça soit le cas. Les humains les plus riches portaient généralement des vêtements moins usés. Sans compter qu'ils avaient généralement une odeur de.. savon ? Ou de diverses crèmes dont il ignorait l'utilité. Parfois, les femmes portaient même des poudres pour éclaircir leur teint.. Une perte de temps. Mais quoi qu'il en soit, ça ne semblait pas être le cas de Sybile.

Pourtant, il examina le menu avec intérêt et le peu de politesse qu'il lui restait. Vivre seul ne l'avait rendu ni aimable ni très doué pour interagir avec les humains, mais l'esprit semblait encore capable du strict minimum. Installé avec la jeune femme, il leva les yeux lorsque celle qui devait être a propriétaire de l'établissement vint demander ce qu'ils prendraient. Sybile commanda la première (et peut-être son accent lui tira-t-il un sourire, mais difficile à dire), puis vint le tour de Mistigri.

« Ramen également, avec poulet et oeuf s'il vous plaît. » demanda-t-il après s'être rappelé in-extremis de parler à voix haute

et dans le dialecte local qu'il connaissait plus ou moins
en tout cas, son accent était moins approximatif que Sybile

(pourquoi y avait-il tant de langages, au juste ?)
(pour ne faciliter la vie à personne ?)

N'appréciant pas spécialement les légumes, l'esprit espérait qu'il n'y en aie pas trop. Mais quand bien même ce serait le cas, il supposait qu'il ne serait pas difficile de les noyer dans ses nouilles. C'est d'ailleurs avec un temps de retard que Mistigri réalisa une nouvelle difficulté: il allait devoir manger avec des baguettes. Apprendre à s'en servir avait été un pur cauchemar, d'ailleurs il s'était juré d'éviter à chaque fois qu'il pouvait mais.. manger directement dans le bol attirerait trop d'attention, ici. Certes, les habitants d'Honshu mangeaient déjà d'une façon hautement bruyante, mais apparemment, c'était culturel.

« Alors, mes oreilles sont bien cachées ? » fit-il, un sourire malicieux aux lèvres

A priori, oui. C'était avant tout une question réthorique. A vrai dire, Mistigri savait que son 'déguisement' pourrait gagner en discrétion. A commencer par ses yeux. D'un doré inhabituel, ils ne manquaient pas de perturber ses interlocuteurs. Mais surtout, il y avait son ombre.. avec la lumière à l'intérieur du restaurant, craindre qu'on la voie serait légitime. Et l'esprit doutait que les habitants d'Honshu considèrent que leurs yeux leur jouent des tours et haussent les épaules en constatant qu'elle avait la forme d'un chat.

peu importe, il n'y pouvait rien
avec de la chance, ils s'occuperaient de leurs repas

« Ton accent est tragique, tu es d'Ingary, je suppose. dit-il dans la langue commune, Comment t'es tu retrouvée jusque là ? Tu n'as pas.. vraiment l'air en tenue de voyage ..? » supposa maladroitement le bakeneko

Il n'en savait pas grand-chose, à vrai dire, la mode humaine étant pour lui hautement nébuleuse. Mais aussi loin qu'il s'en souvienne, Mistigri n'avait pas vus de voyageurs avec des tenues aussi.. légères, disons ? Et sans un lourd sac à dos ou en bandoulière. Peut-être n'était-ce pas le meilleur sujet de conversation pour attendre leurs ramen. Peut-être n'avait-elle pas envie d'en parler. Il pencha légèrement la tête sur le côté, attendant curieusement sa réponse.

peut-être cela n'avait-il pas d'importance, aussi
il ne comptait pas l'obliger à lui répondre
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Sybile
Maudite
Sybile


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MessageSujet: Re: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptySam 22 Sep - 8:53

Bercée par le bruit du restaurant, Sybile posait son regard un peu partout. Elle était curieuse – aussi curieuse qu'un chat, ce qui la plaçait dans une situation cocasse. Mais, elle se retint de rire à cette pensée : Mistigri était peut-être du genre à se vexer facilement. Un peu trop petite pour avoir les pieds par terre, elle s'amusait de ce fait, tout en faisant attention à ce que ses bottes bien trop grandes ne tombent pas : elle n'aurait pas l'air très intelligente, ainsi pieds nus.
Ayant rapidement épuisé tous les points d'intérêt de la boutique, elle reporta son attention sur le chat, juste après qu'il ait commandé. Son ombre était un peu étrange, mais, la plupart des clients, trop penchés dans leurs repas, n'y faisaient pas attention. Puis, elle revint sur son visage humain, qu'elle n'avait guère eut le loisir d'observer. Il avait une frimousse de chat, même ainsi déguisé. Et, à sa grande surprise, ils avaient presque les mêmes pupilles.

Puis, il s’adressa à elle, lui demandant, d'une manière légèrement caustique – ce que Sybile ne releva pas, l'interrogeant sur ses oreilles. Etait-elle bien cachée ? Assurément. Alors, la jeune femme secoua la tête dans un mouvement affirmatif. Elle n'osait parler : elle se savait plutôt bavarde, avec une forte parfois trop forte. Voyager avec Junna, lui avait permis d'apprendre bien des choses, notamment que les esprits aimaient leurs tranquillités.
Une autre remarque se fit entendre : son accent, oui, il était mauvais et alors ? La jeune femme se retint de rire. Ce n'était pas la peine de montré les griffes. Mais, elle ne s'en formalisa pas, elle avait connu des choses bien plus graves et oppressantes dans sa vie, lui permettant de relativiser les houles des nouvelles rencontres.

« Je parle si mal que ça ? » le questionna-t-elle d'une manière vaine, en riant un peu.
« Oui, je suis d'Ingary. Avec mon amie, Junna, on voyage beaucoup. On vagabonde et pour vivre, on danse, on chante. » Elles volaient aussi, mais elle se garda bien de lui dire. D'ailleurs, l'argent qui allait rincer ce charmant dîner venait d'une des bourse, des gros lourdauds qui l'avait attaquée.

« Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ? C'est plutôt inhabituel pour les gens comme toi, de réellement s'éloigner de chez eux. » elle lui jeta un léger regard en coin, beaucoup plus sérieux, mais, rapidement, son regard retrouva la légèreté de l'innocence.
Sybile n'était pas lettrée. Elle ne savait ni lire, ni écrire, mais ce monde, elle le connaissait bien. Ses jambes l'avaient portée aux quatre coins de Jiburi. Ainsi, elle lui indiquait qu'il ne fallait pas la prendre pour une sotte.

La tenancière coupa leur discussion, apportant deux énormes bols fumants. Elle les déposa sans un mot, fit une légère courbette et s'en alla. Sybile la regarda partir, sans réellement comprendre pourquoi, elle avait mit tant de révérence dans deux simples bols de nouille. Le protocole de ce pays lui fichait toujours la migraine. Ses pensées s'envolèrent alors que l'odeur alléchante de la nourriture lui chatouilla les narines. D'épaisses pâtes flottaient dans un bouillon légèrement huileux. Une tranche de viande, plutôt fine, barbotait à l'intérieur du bol. Les feuilles de shiso, collées soit au rebord, soit aux udons, semblaient délicieuse. Le petit œuf, solitaire, avait une couleur étrange, légèrement sombre, sûrement dû à une marinade.
Sybile se permit de regarder un peu ce que son compagnon félin avait. Sans regret, elle décréta mentalement que, ça avait l'air moins bon, avant de se retourner vers son propre bol. Sur le comptoir, il y avait une petite boîte qui contenait des baguettes. Sybile attrapa une paire et la regarda avec attention : elle n'était pas très douée avec ces drôles d’ustensiles, et, il lui fallait toujours un peu de temps avant de trouver quel était le bon sens pour les utiliser.

« Comment on dit déjà ? Tu sais, pour dire merci pour le repas ? C'est super important de le dire. AH, je m'en souviens plus... » elle se creusa les méninges pendant quelques secondes, se pinçant légèrement le nez. Puis, les souvenirs revinrent.
« Itadakimasu ! » déclara-t-elle d'une manière sonore et maladroitre.
Le chef, qui était en face d'eux à ce moment-là, se fendit d'un sourire amusé bienveillant, puis retourna à la cuisson de ses udons.
Sybile prit les baguettes en main, puis, avec rapidité et gaucherie, commença à manger. Elle attrapa d'abord la tranche de viande et mordit de bon cœur dedans. La jeune femme essaya de faire le même bruit que les locaux lorsqu'ils aspiraient les nouilles, mais le résultat était passable. Mais, surtout, elle ne mangeait pas très proprement, la soupe lui dégoulinait un peu sur le menton et avait tâché légèrement ses vêtements. Que voulez-vous, lorsque votre dernier remonte à la veille, les convenances n'ont pas de réelles importances.

« Désolée. » murmura-t-elle à l'encontre de Mistigri, en s'essuyant distraitement la bouche.
« J'avais faim, je me suis laissée emporté. » elle ponctua sa phrase d'un petit rire, presque gêné, puis, recommença à manger avec plus de douceur. Ce n'était pas parfait, mais l'ensemble était moins brouillon et salissant.

« Alors, comme ça, tu es un vilain chat ? Les gentils, ils sont pas supposés être comme lui, là ? » demanda-t-elle en pointant du nez, la statuette de chat porte-chance, près de la porte d'entrée du magasin.
D'après ce que lui avait expliqué Junna, il y'a longtemps, cet animal à la pâte dressé était supposé attirer la bonne fortune, notamment pécuniaire.
Sybile repartit à l'attaque de son bol qui se retrouva bien vite. Son ventre lui était bien plein et elle poussa un petit soupir satisfait. Le chef lui jeta un coup d'oeil amusé, quand la tenancière se permit de pousser un soupir. Elle n'était pas une très bonne représentation des étrangers, mais bon... D'autres se chargeraient de leur faire miroiter la beauté des Ingariens.

« Tu veux qu'on se balade un peu ? Pour digérer. Il parait que c'est bien de marcher un peu pour ça. » proposa-t-elle, sans le regarder.
Après, tout, ce chat, elle l'aimait bien. Et puis, il fallait avouer qu'elle espérait pouvoir obtenir un ou deux ronron, et quelques caresses derrière les oreilles.
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MessageSujet: Re: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptyVen 28 Sep - 15:59

run
Sybile & Mistigri
parlait-elle si mal que ça ?
peut être se montrait-il un peu dur

Peut-être y était-elle habituée, aussi, à en juger par son rire. Loin de se sentir mal pour ce commentaire manquant cruellement de sensibilité, Mistigri se contenta d'un hochement de tête. Pour sonner pire que lui, ce devait être assez horrible à entendre pour les natifs d'Honshu. Raison des regards obliques lancés par la propriétaire, sans doute. Deux étrangers -parce que Mistigri avait tout l'air d'un Ingarien- dans son établissement s'appliquant à massacrer sa langue natale, elle ne pouvait que froncer les sourcils.

Nullement perturbée par l'attitude un peu rustre de son interlocuteur, Sybile entreprit de répondre à sa seconde question. Elle voyageait avec une dénommée Junna qui était sans doute la kitsune mentionnée tout à l'heure. Ses yeux d'or passèrent à nouveau sur sa tenue. Une saltimbanque, donc. Il comprenait mieux pourquoi elle était habillée de la sorte. Et possiblement le comportement de ceux qui la poursuivaient: même en étant du même pays, les personnes exerçant le 'métier' de Sybile étaient rarement bien vues.

les vagabonds en général attisaient la méfiance
il ne pouvait pas prétendre ne rien en savoir

Le yōkai s'apprêtait à lui signifier qu'il saisissait mieux la situation lorsqu'elle lui retourna la question d'une manière assez inattendue. Du moins pour lui: on le trouvait généralement trop peu aimable pour s'autoriser ce genre de curiosité. Sans doute ses oreilles auraient-elles tressailli s'il ne les cachait pas. Au lieu de cela, Mistigri papillonna des yeux quelques instants. Sybile le transperçait d'un regard bien plus sérieux que ce qu'elle avait laissé transparaitre jusque là. Le sien se figea par dessus l'épaule de la voyageuse, une ombre passant sur son visage.

que savait-elle de s'il avait un 'chez lui', pour commencer ?
le bakeneko manqua de se braquer immédiatement

('chez lui', c'était chez Iris, ou chez le sorcier)
(mais voilà longtemps qu'ils l'avaient quitté)

Il ne se rendit pas compte de la façon dont sa posture s'était légèrement recroquevillée. Pas plus que de la tristesse dans ses yeux couleur miel. Il était loin de chez lui. Il ne pouvait pas y retourner. D'un autre côté.. voilà des années qu'il s'accommodait de brèves amitiés avec des humains ignorant tout de sa nature d'esprit. Il pouvait être chez lui partout, tant qu'il restait un chat. Ou du moins c'était son raisonnement, bien qu'il ne l'enchante à vrai dire pas beaucoup.

il avait une réponse amère sur le bout de la langue
heureusement, leurs plats arrivèrent avant qu'il n'ouvre la bouche  

Tiré de sa transe par le bruit des bols sur la table, Mistigri répondit distraitement au hochement de tête de la propriétaire, la remerciant à voix basse. Son expression retourna à son désintérêt habituel lorsqu'il examina son bol de nouilles. Comme il s'y attendait, les ramen, la tranche de poulet, l'oeuf et les quelques légumes (on aurait dit des poireaux..?) trempaient dans un bouillon qui promettait nombre d'éclaboussures lors qu'il peinerait avec ses baguettes. Elles semblaient le narguer depuis leur boite. Le bakeneko ne fit aucun effort pour retenir son soupir.

mais l'odeur était alléchante
sans doute cela rattrapait-il le coup

Il aurait commencé à manger sans un mot de plus si le questionnement de Sybile ne l'avait pas interrompu. Tiens, elle avait raison: les gens d'ici avaient pour habitude de remercier pour le repas. (qui remerciaient-ils, il l'ignorait) Même quand ils l'avaient payé. Curieuse pratique, honnêtement. L'esprit se mit à la réflexion en même temps que son interlocutrice, fronçant les sourcils d'un air concentré. Le mot lui revint à l'instant où elle le prononça, les faisant parler à l'unisson, comme s'ils s'étaient concertés.

« Itadakimasu. » fit-il avec largement moins d'énergie

Le chef ne grimaça pas sur la maladresse de Sybile, ce qui sembla être un bon point au yōkai. Il eut un sourire discret avant d'attraper ses baguettes avec un léger manque de confiance en lui. Faisait-il ça correctement ? Ses mains n'avaient pas l'habitude de tels ustensiles. Il n'avait pas l'habitude d'utiliser quoi que ce soit d'autre que ses dents pour manger, à vrai dire. Un soupir de défaite lui vint lorsque ses nouilles retombèrent mollement dans le bouillon à sa première tentative.

ça promettait d'être amusant
pas pour lui, bien entendu

C'est pourtant avec son expression neutre habituelle que le yōkai peina face aux pâtes glissantes et baguettes peu coopératives. Il n'égalait Sybile ni en rapidité, ni en voracité, ni en.. bruit caractéristique, mais il réussit néanmoins à se nourrir. S'il se brûla un peu la langue au départ, la nourriture le réchauffait agréablement. Presque autant qu'un gibier fraichement tué.. l'aspect cru en moins. Occasionnellement, il glissait des regards à son vis-à-vis, trop absorbée par la nourriture pour faire la conversation comme tout à l'heure.

pas qu'il s'en plaigne
parler la bouche pleine était périlleux

(elle lui tira un ou deux sourires amusés)
(comment faisait-elle pour en mettre partout de la sorte ?)

« T'inquiète, assura-t-il lorsqu'elle s'excusa, j'ai connu plus sale. » inutile de mentionner qu'il parlait de lui-même

Elle reprit à un rythme un peu plus 'civilisé', gagnant un vague hochement de tête de la part de son interlocuteur. D'eux deux, c'était Mistigri le plus qualifiable d'animal. Ce serait tout de même ironique qu'elle mange avec moins de manières que lui. Il mâchait une autre portion de ramen lorsque Sybile posa une nouvelle question. Il porta un regard blasé sur la statuette maneki-neko blanc levant une patte et tenant une sorte d'écu avec l'autre. Un yōkai pour attirer la fortune et les clients. Assez hypocrite venant de gens qui les craignaient tant.

il eut un semblant de rictus
puis haussa les épaules

« Un bakeneko n'est pas forcément un 'mauvais chat'. Ca peut très bien être.. bienveillant, disons, comme ces bêtes-là. fit-il avant en désignant la statuette du regard, Il parait que je porte chance à mes humains. Si ça se trouve, je suis un maneki-neko aussi. » explicita-t-il en levant la main gauche à la manière du chat en bois

le geste attira un peu l'attention du cuisinier dans leur direction
mais sans doute se dit-il que les étrangers étaient simplement bizarres

L'esprit se garda de miauler pour faire bonne mesure, mais l'idée y était. Il retourna à son bol de nouilles sans expliquer les légendes effrayantes qu'il avait entendu en Honshu à propos des yōkai de son espèce. Parait-il qu'ils brûleraient les maisonnées les accueillant et mangeraient leurs propriétaires dans le but de prendre leurs places. Ces racontars l'avaient plus fait rire qu'autre chose. Quelle idée. Comme si un chat avait le moindre intérêt à prendre la place d'un humain. Il préférait de loin son existence sans contraintes.

Terminant son repas quelques minutes avant son interlocuteur, la voyageuse proposa d'aller marcher un moment. Il hocha la tête en finissant de mâcher son oeuf: ce ne serait pas de refus. A se nourrir de souris et d'oiseau le plus clair de son temps, Mistigri n'avait pas autant mangé depuis longtemps. Ces nouilles s'avéraient plus copieuses qu'il ne se l'était imaginé. Sans doute les humains avaient-il besoin de beaucoup de nourriture, pour obtenir l'énergie nécessaire à toutes les tâches qu'ils s'imposaient au cours de la journée.

« Faisons ça. approuva-t-il une fois sa bouchée avalée, Et si on re-croise les charmants personnages de tout à l'heure, j'en mange un. » ajouta-t-il à voix basse

Il n'avait jamais mangé d'humain, sans mentir. Mais pour le principe, il ne rechignait pas à menacer de le faire. Reposant enfin les instruments maléfiques qu'il avait utilisés pour manger, Mistigri essuya le bouillon qu'il avait sur le menton avant de se lever. Il fit au-revoir d'un hochement de tête et attendit que Sybile aie effectivement payé le repas pour quitter l'établissement. Manquerait plus qu'ils se mettent les gens du restaurant à dos en s'éloignant trop de leur étrange protocole.

C'est une fois dehors que son déguisement perdu en discrétion. Peut-être la digestion le distrayait-elle. Peut-être cela faisait-il trop longtemps qu'il n'avait pas joué aux humains. Toujours est-il qu'à peine sorti du restaurant, Mistigri sentit ses oreilles reprendre une forme qui lui était déjà un peu plus habituelle. Il ne prit pas la peine d'étouffer son bâillement tandis qu'une queue féline émergeait de l'arrière de son haut.

elle avait l'habitude des esprits
inutile de se cacher

(et puis à cette heure-ci, la rue était vide)
(le risque qu'on le voie semblait moindre)

« Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas déguisé. marmonna-t-il en touchant une oreille du bout des doigts, Mais tu dois en avoir vues d'autres. » ajouta-t-il en coulant un regard vers Sybile

Mistigri n'avait pas fréquenté de kitsunes bien longtemps, mais il supposait que leurs défauts de transformation pouvaient s'avérer similaires. Il parcourut la rue déserte de ses yeux clairs avant de lever les yeux vers le ciel d'encre. On voyait moins bien les étoiles qu'en pleine campagne, mais la vue restait globalement agréable. Son regard ne tarda néanmoins pas à glisser ne nouvelle fois sur l'humaine.

il avait encore des questions
et pas vraiment de filtre de ce côté-là

« C'est des gens comme ces types qui t'ont amochée ? demanda-t-il en désignant ses bandages, D'ailleurs, ta joue.. » fit-il en y repensant

Malgré l'obscurité, ses yeux lui permettaient d'y voir assez clair. Cessant brusquement de marcher droit, il se retourna vers Sybile pour étudier son visage de près. Sans doute d'un peu trop près. Ce n'était pas agréable à regarder. Son esprit de chat soufflait qu'il devrait l'aider, parce qu'elle ne pouvait pas l'atteindre seule, mais il se retint à temps. Redressant sa tête qu'il avait inconsciemment inclinée vers l'avant, l'esprit afficha une grimace confuse.

« Ah. Les humains ne font pas ça. Désolé. » dit-il sur un ton haché

Par 'ça', il voulait dire 'lécher leurs blessures'. Pas assez souples pour ça. Ou peut être leur salive n'aidait-elle pas ? Le bakeneko n'en savait rien, à vrai dire. Ce qu'il savait, en revanche, c'est qu'il trouvait passablement gênant d'avoir oublié ce détail. Rien ne lui vint à l'esprit pour détourner le sujet, cela dit. Alors il se contenta de se décaler d'un pas et continuer maladroitement la marche digestive.

voilà pourquoi il ne se mêlait pas aux humains
il ne savait fichtre pas comment se comporter

electric bird.
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Maudite
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MessageSujet: Re: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptyMar 9 Oct - 9:51

Il acceptait sa proposition de balade : quelle aubaine, songea Sybile, toujours heureuse de pouvoir fréquenter de nouvelles personnes. Mais, les raisons qui la poussait à vouloir rester près de lui, étaient différentes de celle qui l'animait d'ordinaire : il n'avait ni porte-feuille à voler, ni quelconque avantage social. La raison était plus simple : il était de son pays. Bien que Junna parlait parfaitement bien l'Ingarien, ce n'était pas pareil. La vagabonde et le chat partageait des choses, quand bien même ils étaient différents.
La jeune femme se laissa glisser le long de son tabouret et alla payer. Elle sortit sa petite bourse en cuir – bien rebondie de l'argent qu'elle avait dérobé durant la journée, et déposa sur le comptoir de quoi régler leurs deux repas.
Ils sortirent du restaurant, l'air froid de la nuit se glissa sur le peau de Sybile. Un léger frisson lui saisit l'échine, alors, elle resserra ses bras autour d'elle. Sa propre chaleur rayonna à partir de ses vêtements usés. Soudainement, un certain enchantement lui saisit le cœur : les petites oreilles de chat dépassait des cheveux de son compagnon éphémère. Une queue pointa hors de ses vêtements aussi. Elle resta mutique quant à la chose, cela arrivait souvent à Junna, mais Mistigri avait pour lui l'avantage de la nouveauté.

« Oui » répondit-elle simplement quant à son affirmation sur ce qu'elle avait déjà vu. Un petit rire perça le dernier son de sa réponse alors qu'elle s'avançait enfin dans les rues.
Il y avait une drôle d'odeur, celle de la nuit, bien sûr, mais également celle de la vie humaine. Les villes d'Honshu, contrairement à celle d'Ingary, n'avaient d’égout. Les déchets et déjections couvraient une partie de la rue.
Les lampes créaient des petites bulles de lumière, point rassurant dans les formes sombres de la ville. S'ils continuaient tout droit, ils tomberaient sur les rives du fleuve qui traversait la ville. C'était un endroit paisible, éclairé par les divers établissements qui avaient fleurit sur la côte. Soudain, il lui posa une question, qui, la laissa interdite. Instinctivement, elle toucha sa joue. L’hématome se réveilla, lui provoquant des petits chocs électriques douloureux dans toute la mâchoire.

« On peut dire ça. » déclara-t-elle en guise de réponse. C'était évasif, mais, elle n'était pas de ce genre de personne qui se plaignait sans cesse. Le bleu, aussi laid fut-il, appartenait au passé. « C'est pas grave, ils n'aiment pas trop les étrangers par ici. Y'a beaucoup de tension dans cette ville. » soupira Sybile, juste avant de ravaler l'air qu'elle avait expiré.
Elle n'avait pas fait attention, mais Mistigri s'était rapproché jusqu'à être à quelques centimètres d'elle. Penché en avant, il arrêta néanmoins son mouvement avant qu'ils ne se touchent. Les yeux vides, Sybile le regarda se dégager, puis s'excuser. Il reprit la marche et pendant quelques secondes, elle ne lui emboîta pas le pas.  
Des mauvais souvenirs lui hantaient le cœur, mais, elle les chassa rapidement, le rattrapant par la même occasion. Elle glissa une main amicale sur son épaule et le tapota.

« Ne t'en fais pas. C'était un gentil geste, même si on léchouille pas nos plaies, nous les humains. On a pas les bidules qui font que les trucs se soignent mieux, dans la bave. » dit-elle un sourire sur le visage.
« Et puis, pour ma joue, elle guérirait toute seule ! J'ai déjà vécu bien pire, je suis immortelle, moi ! » ajouta-t-elle à la suite, en faisant semblant de gonflé les muscles – trop maigres, de ses bras.

« Ça me fait du bien de pouvoir parler dans ma langue natale. Quoi de neuf au pays ? » elle leva les yeux vers le ciel. La bulle de lumière passée, le ciel devenait bien plus beau, plus fourni.

« Je sais plus, si j't'ai demandé, mais, tu voyages pourquoi ? C'est loin d'Ingary, ici. Il faut prendre un bateau, ou traverser la forêt, c'est pas évident. Quoi que, toi, les dieux du milieu doivent bien t'aimer, tu es un esprit. Ils punissent les humains qui vont et viennent. Mais je les comprends. Vers la forêt, y a une ville où, ils coupent tout le bois pour faire de mines. »
Soudain, elle accéléra le pas et glissa dans l'herbe tendre des berges. Les herbes hautes lui chatouillaient un peu le dos, mais ils logeraient sous un cerisier. Le bruit de l'eau et des établissements donnaient une dimension presque magique au lieu.

« Dis, tu connaitrais pas quelqu'un du nom de Renhart ? C'est un sorcier. » La question s'était échappée de ses lèvres sous la forme d'un murmure.
Il était sans doute aussi libre et vagabond qu'elle, alors, peut-être le connaîtrait-il ? Peut-être aurait-il des informations ? Après tout, c'est pour cela qu'elle était là, elle aussi. Junna se chargeait généralement de récolter les informations : son physique, mais aussi son charme lui donnait beaucoup d'avantage, par rapport à elle, qui, n'était guère attirante. Sybile se mit soudain à rêver de réponses, d'une vengeance mais aussi de la liberté que celle-ci lui apporterait.
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MessageSujet: Re: Run - LIBRE   Run - LIBRE EmptySam 10 Nov - 1:30

run
Sybile & Mistigri
ils n'aimaient pas les étrangers
c'était peu dire

S'il n'avait rien pensé de son apparence humaine au départ, Mistigri avait eu tôt fait de remarquer qu'elle lui fermait nombre de portes en Honshu. Raison pour laquelle il s'était appliqué à reproduire celles d'humains originaires de la région. Travailler sur d'autres métamorphoses était laborieux, mais si ça lui évitait qu'on l'ennuie à l'avenir, il s'y attelait avec moins de mauvaise foi qu'à l'accoutumée. Après tout, c'était pour passer inaperçu que le bakeneko se déguisait en bipède. Si on le suivait du regard malgré cela, il n'en voyait pas l'intérêt.

Elle n'avait pas eu de mouvement de recul en le voyant s'incliner dans sa direction. Curieux, quand on pouvait se douter que ses interactions avec les inconnus n'avaient pas toujours été reluisantes. Il doutait d'être un inconnu bien rassurant, d'ailleurs, sous cette forme. Entre les cernes et l'air constamment blasé, Mistigri n'entrait pas dans la catégorie 'avenant à première vue'. (ou avenant tout court, honnêtement)

quoi qu'il en soit, elle ne sembla pas déconcertée
(en tout cas, pas autant qu'il l'aurait craint)

Certes, elle rata quelques pas, mais c'était honnêtement minime par rapport à ce à quoi aurait pu s'attendre. (comme des injures, par exemple) Ce fut plutôt le bakeneko qui se retrouva surpris lorsqu'elle posa une main sur son épaule, assurant que ce n'était rien de grave. Il papillonna bêtement des yeux avant de les tourner en direction de la jeune femme. Oui, il savait bien que les humains ne léchaient pas leurs plaies.  D'une part par manque de souplesse, de l'autre parce qu'ils n'en avaient pas l'utilité. L'information lui était simplement.. sortie de l'esprit ? Le yōkai avait agi avant tout par réflexe.

(une chance qu'il se soit repris à temps)
(ça aurait pu être terriblement gênant)

« Immortelle.. bien sûr. » répéta-t-il avec une sourire en coin qui voulait tout dire

Il y avait une raison à ce que Mistigri appelle les êtres de l'espèce de Sybile les "mortels". Si elle avait la 'chance' de vivre jusque là, la saltimbanque mourrait de vieillesse. Lorsque son âge correspondrait à sa couleur de cheveux. Sinon, elle se ferait probablement tuer avant, ou contracterait une maladie que le manque de moyens l'empêcherait de surmonter. Un accident restait la piste la plus optimiste que le félin put envisager à son sujet.

mais il pouvait se méprendre
il ne savait pas lire l'avenir, après tout

Ca ne l'empêcha pas de hausser les épaules suite à son ridicule mouvement de bras, affichant une expression qui marmonnait un "si tu le dis" sceptique. Ou "continue de te bercer d'illusions", peut-être.. difficile à dire. Lorsqu'elle enchaîna sur le fait de parler sa langue natale, Mistigri ne put que hocher la tête. C'était presque un soulagement de parler ingarien. Il ne dirait pas que c'était sa langue 'natale', n'ayant prononcé que des miaulements pendant ses premières années de vie; mais il voyait où elle voulait en venir. La langue (ou plutôt les nombreux dialectes) d'Honshu l'épuisait, à la longue.  

« Je vais pas prétendre que je me tiens au courant, admit-il en haussant les épaules, mais c'est resté stable politiquement, les humains n'en finissent pas de trouver de nouvelles choses à faire avec leurs jouets en métal; et les esprits préfèrent toujours autant la forêt à toutes ces villes.» résuma le bakeneko sans tenter de cacher son désintérêt

Aussi stupide que ça puisse sembler, ses dernières nouvelles détaillées sur la situation d'Ingary dataient du sorcier. (ce dernier continuait bêtement d'espérer pouvoir aller vivre ailleurs qu'au milieu de cette maudite lande) Après l'avoir quitté, il ne s'était plus assez investi dans la société humaine pour vraiment savoir. Il ne suivait pas les actualités écrites dans les journaux édités régulièrement. Pas plus qu'il ne faisait d'efforts pour s'informer par d'autres sources. A moins que les nouvelles concernent les yōkai, auquel cas il était certain d'en entendre parler, Mistigri ne voyait pas d'intérêt à se documenter en détail.

puis elle demanda à nouveau
cette maudite question

Fort heureusement, ce sur quoi elle enchaîna empêcha à Mistigri d'avoir à réfléchir bien longtemps à sa réponse. Il ramena plutôt son attention sur sa facilité à traverser la forêt là où les mortels se retrouveraient bloqués. C'était tout de même bien pratique. Il avait beau ne pas y être né, l'esprit s'y sentait le bienvenu. Presque 'chez lui'. (il le serait, s'il se sentait capable d'être 'à sa place' loin d'Iris) Cette forêt avait quelque-chose d'apaisant pour lui, c'était simplement instinctif d'y séjourner aussi longtemps qu'il s'y autorisait.

La simple mention des mines, quant à elle, amena un tressaillement agacé sur l'une de ses oreilles blanches. Oui, c'était quelque-chose qu'il ne pouvait (ou ne voulait) comprendre. La forêt n'avait de cesse de reculer, cette bêtise cesserait-elle un jour. La forêt n'était pas son environnement; Mistigri était même un chat de gouttière à l'origine. Pour autant, il avait la femme conviction d'être prêt à se battre pour qu'elle ne soit pas réduite à néant. Il faisait partie de ces yōkai qui envoyaient des boules de feu pour effrayer ceux qui coupaient les arbres.

détruire la 'maison' des esprits n'était pas une idée judicieuse
les humains s'attendaient-ils réellement à ce qu'on les laisse faire ?

« Faut croire qu'à mon âge, j'ai toujours la bougeotte. » fit-il trouvant la réponse vague suffisante

Ses raisons de voyager étaient loin de présenter le moindre intérêt à ses yeux, en toute honnêteté. Il n'y avait pas vraiment réfléchi et ne comptait pas le faire. Au départ, c'était pour voir Jiburi (et pour laisser le sorcier mourir seul comme il le ovulait), mais Mistigri ne prétendra pas que depuis le temps, ce n'était pas fait. Ce n'était pas non plus par altruisme, comme on pourrait le croire en sachant qu'il 'arrêtait régulièrement pour tenir compagnie à des humain.e.s isolé.e.s.

« Oui, c'est toujours un plaisir de traverser cette forêt, admit-il avec un bref air d'émerveillement avant que la colère ne se manifeste, Ils ont bien raison de punir ces maudits mortels. Si la forêt disparait, ce n'est pas en ville qu'ils pourront vivre. » grommela le yōkai avec amertume

Le recul progressif de la forêt du milieu n'était certes pas un problème immédiat pour lui, mais ça ne voulait pas dire qu'il aimerait le voir continuer. S'il y avait un moyen de chasser l'apathie de Mistigri à coup sûr, c'était bien d'aborder ce sujet. Le félin avait beau s'accommoder décemment des villes, il se sentait plus à sa place entre les arbres. Une chance que Sybile soit d'accord avec les kamis de la forêt: s'en prendre à des innocents n'était pas dans ses habitudes, mais le bakeneko aurait eu du mal à se retenir, dans le cas contraire.

Tandis qu'il lui répondait, la saltimbanque avait glissé sur l'herbe de la berge, quittant brièvement son champ de vision. Mistigri la suivit de ses yeux d'or, marchant à sa suite sans perdre l'équilibre. Le ciel était dégagé, et les étoiles visibles, maintenant que les lumières de la ville était dans leur dos. Il y jeta un coup d'oeil admiratif tout en se disant qu'il pouvait maintenant reprendre sa forme originelle. Personne ne le verrait faire. (personne d'autre que Sybile, mais elle n'était pas un problème) D'autant qu'il serait sans doute plus à l'aise. Le concept de vêtements ne lui était toujours pas bien agréable.

pas tout de suite, cela dit
communiquer verbalement était plus simple

Suivant la jeune femme jusqu'au cerisier au bord de l'eau, il contemplait les racines en se demandant où s'asseoir lorsqu'elle lui posa une surprenante question. Un Renhart ? Il se demanda brièvement s'il devait être embêté ou soulager de prêter si peu d'attention aux noirs des mortels. Pourtant, difficile de nier qu'il avait un peu plus d'intérêt pour les sorciers. Sans doute le fait d'en avoir côtoyé un (ou l'espoir futile de le retrouver en vie après toutes ces années). Si son nom avait depuis longtemps quitté la mémoire du félin, il était certain que ça ne soit pas Renhard.

pourtant, ça sonnait familier
l'aurait-il déjà croisé ?

« Connaitre, je dis pas, commença-t-il, mais le nom ne m'est pas inconnu. » admit le bakeneko avec une moue pensive

Décidant que s'asseoir serait contre-nature, Mistigri se servit plutôt de ses mains griffues et de son agilité pour escalader le cerisier. Il ne tarda pas à se poser sur une branche basse, laissant avec contentement ses jambes se balancer dans le vide. Sa queue ondulait paresseusement tandis que ses yeux parcouraient le ciel nocturne. Il avait toujours préféré être en hauteur. Pour autant, les orbes dorées ne tardèrent pas à retomber sur Sybile.

« Un dingue à la tête d'une secte, ou je me plante de sorcier ? » marmonna-t-il sans masquer son dégoût

Mistigri n'avait jamais été capable de comprendre ce besoin qu'avaient les humains de rendre hommage à des êtres qui ne leur apportaient rien de concrets. Honorer les kamis avait du sens. Sans eux, beaucoup de choses seraient inexistantes. Honorer le démons.. il ne savait que trop bien à quel point passer un pacte avec l'un d'entre eux pouvait s'avérer désastreux. Mais peut-être voulaient-ils mettre du piment dans des vies qui leur semblaient 'fades'.

il n'irait pas dire que leurs existences étaient exceptionnelles
mais il y avait de meilleurs moyens de leur donner de l'intérêt

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