» Tout parle à qui sait lire, voir et écouter. ○ PV Tekinae

« … Tu es sérieuse ? » Le soupir que Yuugiri accorda à sa semblable traduisait presque trop clairement la profonde incrédulité déjà ancrée dans ses yeux dorés. Bien sûr que non, elle ne l'était pas. Du moins, elle n'était pas sérieusement atteinte d'un quelconque mal, et son jeu d'actrice s'en ressentait bien trop pour que Yuugiri ne tombe dans le panneau.
Elle avait entendu à sa démarche, dès l'instant même où elle était entrée dans son domaine, que rien ne la touchait. Elle avait entendu ses pas à travers les arbres, compris qu'elle n'était venue qu'avec la ferme intention de la voir, sans pourtant sembler vouloir l'avouer. Pourquoi ? Le principe en lui-même lui échappait, cruellement. Pourquoi ne pas simplement lui dire qu'elle était juste venue lui rendre visite ?
Yuugiri ne faisait que trop rarement dans la subtilité et quand bien même elle savait analyser certaines situations, celle-ci lui semblait presque illogique.
Tekinae n'était pas plus crédible que malade, en dépit de tout le cœur qu'elle semblait y mettre - si tant était qu'elle essayait réellement. « Tu n'as rien, Teki'. »

Elle accompagna ses mots d'un bref haussement d'épaules, appuya son dos contre le tronc de l'immense arbre derrière elle. Le Soleil ne filtrait qu'à peine à travers l'entrelacs de branches au-dessus de leurs têtes et, pourtant, une agréable chaleur enveloppait tant bien la forêt que Yuugiri en elle-même.

Probablement parce qu'elle était un tant soit peu heureuse de revoir un visage familier.
Supposément parce que Tekinae était la Kami du feu.

Des hypothèses qu'elle s'empressa de taire parce qu'elles n'avaient pas plus leur place ici que la plupart des questions que la louve se posait et, un peu plus apaisée, elle inclina doucement sa tête. Tekinae avait ce don, insupportable, de la pousser à parler alors même qu'elle détestait l'idée même de s'exprimer autrement que dans les situations qu'elle estimait nécessaires. « Mais je peux réellement te rendre malade, si c'est ce que tu veux. » La menace n'induisait pas d'éventualité. Simplement une alerte, une indication. Peut-être même un rappel. Yuugiri n'avait aucune raison de s'en prendre à son amie et, parce que c'était le cas, elle ponctua sa remarque d'un petit sourire aussi discret que délicat.

« Je…humm… suis confuse ? » Dit-elle en tirant la langue et en levant les yeux au ciel, répondant avec une pointe d’insolence comme si c’était normal avec l’innocence et l’insouciance de l’enfant qu’elle n’est plus.
Elle la regarda dans les yeux, et vit son air totalement désemparé et désabusée, la voir réagir de la sorte n’a fait que souligner son côté froid, mais attachant…
Elle eut un énorme fou rire quelques instants après… Elle ne pouvait presque plus tenir debout elle était obligée de s’accroupir par terre.

« Pas besoin de me rendre malade je vous en supplie ô douce déesse louve » Dit-elle tout en essayant de calmer son fou rire. Elle reprit peu à peu son souffle… « Cela fait bien trop longtemps que je n’avais pas vu ta petite bouille tu m’as énormément manqué » Elle se sentait désolée de pas avoir pu la voir plus tôt, elle était beaucoup trop occupée à sillonner le monde à la recherche d’une personne.
Elle ne pouvait lui dire qu’elle était juste venue pour se blottir contre elle et caresser ses si douces oreilles de louves.  L’envie se faisait de plus en plus sentir mais elle sait que Yuugiri n’est fada des câlins et autres rapprochements physiques, Tae se risque à un jeu ou elle pourrait perdre gros, mais ce n’est pas pour rien qu’elle estime énormément son amie … Mais elle ne peut subsister à son envie. Elle se rapproche d’elle doucement avec dans ses yeux rouge écarlate une lueur presque lubrique… Mais on pouvait sentir l’air autour d’elle se réchauffer comme si elle avait quelque chose en tête…

Déesse louve. Le terme résonna presque désagréablement à ses oreilles.
S'il était certain que ses pouvoirs, sa longévité et sa naissance relevaient du domaine divin, Yuugiri n'en chérissait pas plus l'idée d'être vue comme une Déesse essentiellement en raison du fardeau que ce simple fait incombait. Elle veillait sur sa forêt, s'assurait qu'aucun Homme ne s'en prenne aux arbres ou aux animaux qui la peuplaient. Pour quelle raison aurait-elle pu être vénérée ? Le détail lui échappait au même titre que les autres et, pourtant, la louve rangea cette interrogation dans un coin sombre de son esprit, ses oreilles remuant brièvement à la suivante déclaration de Tekinae. Elle n'avait pas besoin d'être vénérée pour être une Déesse, simplement pour vivre. Et ce rappel à lui seul suffit à brièvement alimenter ses humeurs. « Tu en parles comme si ça faisait des siècles... »

Ses propres mots l'amenèrent à réfléchir, vaguement. Depuis quand n'avait-elle pas eu l'occasion de discuter avec Tekinae ? Ni même de la voir, tout simplement ? Ses rares escapades ne se limitaient qu'à son domaine et sa périphérie mais il ne lui était arrivé que trop rarement de s'approcher des villes et villages humains alors même que son amie, elle, ne semblait pas contrainte du moindre mal lorsqu'il était question de se mêler à eux. « Mais... Tu m'as manquée aussi. » Ou tout du moins était-ce là sa façon, à elle, de le ressentir. Elle s'était demandée, parfois, comment Tekinae se portait. Elle s'était surprise, quelques autres fois, à éventuellement tenter d'aller la voir, sans pourtant s'y décider. Démotivée par sa paresse et le besoin de protéger sa forêt. « Combien de t-- » Sa voix s'éteignit dans une brève inspiration suspicieuse et elle se campa sur ses appuis dès l'instant même où son regard rencontra une fois de plus celui de Tekinae.

Les oreilles aplaties et sa queue légèrement redressée, Yuugiri fronça imperceptiblement ses sourcils au-dessus de ses petits yeux noisettes et se prépara à bondir, instinctivement.
Comme un animal sauvage, prêt à attaquer. « … Teki ? »

Au moment même où elle allait lui sauter dessus elle senti l’aura agressive de Yuugiri se diriger vers Tekinae… Les secondes passaient lentement, on ne pouvait plus rien entendre dans ces bois, les bruits oiseaux s’étant tus de peur d’être tué, leurs instinct animal leur dictant de ne plus bouger face à un aura meurtrière aussi puissante, le seul bruit subsistant était le bruit de la brise du vent dans les feuilles… Elle n’hésita pas une seconde, histoire de ne pas rater sa seule chance avant que ce ne soit trop difficile de lui sauter au cou…    
Dans un élan de rapidité elle lui sauta dessus et l’agrippa de toute ses forces pour la câliner.  Elle se sentait tout d’un coup revigorée et emplie de joie.
Elle se sentait comme dans les bras d’une mère elle était attendrie, malgré les cicatrices sur sa peau elle pouvait sentir la douceur de sa peau… Elle passait aussi ses mains sur sa tête pour caresser ses oreilles de louves, un attrait que Tekinae aimait particulièrement. Elle était douce, plus douce que toutes les fourrures qu’elle avait pu toucher auparavant… « Munya munya munyaaaaa~ » disait-elle alors qu’elle n’est même pas un chat, peut être pour se donner un côté mignon ou tenter d’apaiser les foudres de Yuu’.

Elle la lâcha au bout d’une minute avec délicatesse… Elle ne voulait pas, du plus profond de son être elle voulait continuer de l’enlacer et de la taquiner
« Merci pour le repas » dit-elle en se léchant les lèvres.
Elle lui expliqua par la suite qu’elle était désolée de ce soudain rapprochement mais elle expliqua sa situation en expliquant qu’elle en avait besoin… Tekinae est passée par beaucoup d’émotions contradictoires dernièrement, elle ne sait plus quelle place adopter actuellement et se sent légèrement perdue…  
« Je t’ai rapporté quelques présents d’en dehors de la forêt » Elle tendit vers yuugiri un tote bag contenant une petite boite avec du mochi ainsi qu’une bouteille de saké qu’elle s’empressa de reprendre très vite… « Ca c’est pour moi… Et si on allait se poser quelque part ? »

Yuugiri s'était ravisée au dernier moment.
Alors même que son instinct lui avait hurlé de revêtir sa forme animale pour refermer ses crocs autour de la nuque de Tekinae, la louve avait simplement écarté ses bras pour l'accueillir contre elle et avait senti toutes ses barrières se dresser encore plus fermement. « Qu'est-ce que t-- » Ses mots se suspendirent à ses lèvres sans sembler tenir à les traverser et elle sentit ses joues se réchauffer imperceptiblement lorsque les doigts de son amie rencontrèrent ses oreilles et sa peau. Elle n'avait pas été habituée à... ça. Et parce que c'était le cas, ses muscles se tendirent légèrement alors qu'elle glissait maladroitement ses mains contre les omoplates de Tekinae, néanmoins ravie de la sentir la lâcher, quelques longues secondes après. Elle ne savait pas ce qu'était l'amour, encore moins l'affection. Les rares animaux qui se blottissaient parfois contre sa fourrure n'étaient habituellement que des louveteaux imprudents et il allait sans dire qu'elle ne cherchait pas spécialement de tendresse à travers les habitants de cette forêt. « De rien... Je présume. »

Elle l'écouta se justifier en silence, incapable de la comprendre. Ses journées s'écoulaient de façons bien trop semblables pour que Yuugiri ne puisse être confrontée à de quelconques émotions négatives. Elle tuait tout ce qui menaçait son domaine, dormait lorsque ce n'était pas le cas, se baignait dans les lacs lorsqu'elle s'ennuyait. Sa vie de Déesse n'était finalement qu'un cycle précis depuis désormais trop longtemps et elle bénissait, d'une certaine façon, les visites de Tekinae. « Tu voudrais rester ici ? » L'éventualité lui avait traversé l'esprit avec un naturel déconcertant. Presque autant que sa proposition. « La forêt est paisible, et pour peu que tu ne la brûles pas... Tu es libre de t'y reposer quand tu veux, si tu as besoin de te ressourcer. » À ses mots s'ajoutèrent un bref sourire bienveillant et Yuugiri se saisit lentement du sac que lui tendait son amie afin de l'inspecter. La bouteille qu'elle récupéra empestait une odeur qu'elle ne connaissait que de loin et, tout en se mettant en route en direction d'une petite cabane abandonnée dans la périphérie de la forêt, la louve engloutit l'une des petites boules disposées dans la boîte qu'elle venait d'ouvrir. « … Qu'est-ce que c'est ? » Ses sourcils se haussèrent sincèrement au-dessus de ses yeux et elle s'arrêta un bref instant lorsqu'une saveur fruitée s'écrasa contre sa langue, ses oreilles remuant légèrement de manière à exprimer son contentement.

Elle eut le souffle coupé quand elle entendit ces mots… Elle savait que son amie Yuugiri était plutôt habituée à vivre seule et éloignée du monde, et savoir qu’elle te propose de rester dans sa forêt a réussi à émouvoir Tekinae. Elle se sentait privilégiée et ce malgré la distance qui s’est imposée dans leurs relation depuis quelques années… Ça lui faisait extrêmement plaisir de savoir qu’elle pouvait compter sur une amie en or comme celle-ci. Elle en avait bien besoin en ce moment…
«… Ça me ferait extrêmement plaisir de rester ici une nuit avec toi loin de la ville de ses habitants et du monde extérieur » Elle était toute joie et cela se voyait sur son visage, son côté austère et un peu sombre avait totalement disparu, elle ne pouvait s’empêcher d’afficher un sourire béat… Elle était toute excitée comme une enfant à sa première soirée pyjama.

« C’est embarrassant mais promis je ne mettrais pas le feu à ta forêt, parole de Déesse… » L’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit mais elle comprit en cette demande un grand amour de Yuugiri pour sa forêt et c’est compréhensible tellement elle est belle et reposante…
« C’est du mochi, ce sont de petits gâteaux de riz ils sont succulents ! La prochaine fois je te ramènerai mes préférés s’ils te plaisent ! » elle était heureuse de la voir apprécier son offrande, ses réactions étaient très mignonnes… Teki’ ne pouvait s’empêcher par moment de lâcher un petit rire. « C’est rare de voir réagir autant, je suis heureuse de pouvoir être témoin d’un tel spectacle »
« Il faudrait aussi un jour que tu penses à sortir d’ici, tu sais je pourrais te faire découvrir le monde, à force de voyager je le connais quelque peu… Et puis on n’est pas obligée de commencer par un endroit peuplé par des humains ou peut commencer par exemples aux bains ! Ce serait amusant »
Tekinae lança ces phrases avec insouciance sur le moment, mais elle a réellement peur de la réponse de son amie, en effet elle sait qu’elle n’est pas du tout à l’aise avec les humains qu’elle déteste profondément et lui demander de quitter sa forêt même un court instant semble être une décision insensée… Elle se rendit compte de la folie de sa requête, mais ce qui est dit est dit et de toute façon elle sait qu’au fond elle lui aurait posé cette question un jour ou l’autre.

Lorsqu'elles sortirent de la petite clairière qui avait accueilli l'arrivée de Tekinae, Yuugiri avait presque englouti la moitié de la boîte de mochis qu'elle tenait entre ses doigts. Difficile de résister à autant de saveur d'un seul coup lorsque l'on y était aussi peu habitué qu'elle et, si elle était habituellement trop peu expressive, ces sucreries ci avaient le don d'éveiller autant son intérêt que sa bonne humeur. « Des mo... chis ? » La tentative se solda d'un échec presque cuisant et la louve décida de tout simplement abandonner l'idée de répéter le nom de ces petites boules aussi délicieuses que trop peu nombreuses. « Mh... Tu m'en rapporteras. » Ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire, qui ne s'évapora finalement que lorsque Tekinae évoqua l'éventualité de l'emmener dans le monde des humains.

Non.

C'était hors de question, tout simplement.
Et l'idée à elle seule suffit à la prostrer, à nouveau. À l'amener à se fermer comme elle l'était, habituellement. Sa naturelle indifférence reprit le dessus sur son air bienveillant et elle posa un regard aussi neutre que sans appel sur Tekinae. « … Non. » Elle n'en avait pas envie. Pas plus qu'elle ne voulait aimer ce que les humains faisaient, au final. Et pourtant, les boules de riz qu'elle sentait fondre sous ses dents lui donnaient presque envie de s'y essayer, au final. Sans toutefois parvenir à la convaincre, au même titre que Tekinae. « Je ne veux pas me mêler à eux. » Elle avait compris, avec le temps, qu'elle n'avait rien à gagner à vivre parmi eux. Qu'elle ne leur devait rien et que, même si elle ne les fuyait pas spécialement, elle ne s'y mêlerait jamais pour autant. Elle aimait être marginale. Autant qu'elle aimait sa solitude et sa tranquillité. « Je n'en vois pas l'intérêt. »

Elle était de plus en plus heureuse et amusée quand elle vit que la boite se vidait à grande vitesse.  Ca lui réchauffait le cœur de voir autant d’innocence et d’envie chez Yuugiri.
Elle vit son amie toute joyeuse repasser dans un état second et totalement indifférent… Elle était si belle à rire et s’extasier, mais la revoir totalement fermée sur elle-même la rendait amèrement triste d’un coup… « Je… Désolée… Excuses moi un instant » Elle se tourna et se mit à crier de toute ses forces, on pouvait entendre sa voix à des centaines de mètres à la ronde, elle cherchait à se défouler à relâcher une pression immense. Réaction trop exagérée ? Possible mais c’était la seule qui lui est venue à l’esprit. Elle se sentait mal d’avoir frustrée son amie et de la revoir revêtir ce masque de froideur qui est semblable à la carapace d’une tortue, une protection pour ne plus être blessée.
Son cri perçant dura une quinzaine de secondes… Elle s’est ensuite mise à pleurer légèrement elle tentait de se cacher de Yuugiri qui assistait à cette triste scène. Tekinae se sentait pitoyable… Il y eu quelques secondes de silence. Elle se retourna avec un grand sourire, qui semblait tellement faux… « Ce n’est pas grave ! Je comprends » sa voix tremblait légèrement… Elle se jeta dos au sol comme si elle tombait sur matelas mais pour le coup c’était un lit de fleurs. Elle ferma les yeux tentant d’apprécier la douce brise du vent, la chaleur douce et apaisante du soleil tombant contre sa peau…
« J’ai envie de dormir la comme ça ici en plein milieu de cette prairie, me reposer et tout oublier, oublier tous mes soucis, le poids du temps sur mes épaules… » Sa voix commençait à faiblir petit à petit elle commençait à s’assoupir.

Le cri de Tekinae arracha à Yuugiri un frisson aussi surpris que désagréable. « Qu-- » Ses mots furent étouffés par la voix de sa propre amie et la louve sentit son cœur se serrer brièvement lorsque sa semblable se tourna une fois de plus vers elle, le visage animé d'un sourire qu'elle ne tentait même pas de rendre convaincant. « Teki... »
Son visage avait beau ne pas démontrer la moindre émotion, sa voix était vectrice de toute la tendresse que sa seule amie savait faire naître en elle.
Tekinae était un feu sacré. Un feu sacré qui apportait bien trop de chaleur à son cœur à chaque fois même qu'elle la voyait. Un feu sacré qu'elle ne pouvait décemment pas laisser s'éteindre, quand bien même elle aurait pu le vouloir, elle-même. Un feu sacré qu'elle chérissait bien trop pour la laisser se méprendre et, guidée par son instinct, Yuugiri s'accroupit calmement près de l'albinos lorsque cette dernière se laissa tomber dans un lit de fleurs.

« Si tu t'endors ici, tu attraperas sûrement froid. » La déclaration avait tranché le silence avec un naturel presque agaçant. Mais elle ne mentait pas. « Et je t'ai déjà proposé de rester chez moi. » Là-dessus, Yuugiri glissa l'une de ses mains contre le front de Tekinae, incertaine de son geste alors même qu'elle faisait descendre ses doigts dans la chevelure argentée de sa semblable. « Je ne le refuse pas à cause de toi. Je... n'ai simplement pas envie de les rencontrer. Et je sais bien que tu ne veux le faire que pour moi, que parce que tu veux partager certaines choses avec moi et... probablement parce que tu te sens seule. » Son sourire reprit place sur ses lèvres, aussi léger que sa caresse. « … Alors je ne promets rien mais... j'essaierai de faire un effort pour toi. »

La voix douce de Yuugiri suffisait à supprimer l’amertume naissante en Tekinae, elle était comparable à la douce voix… Lui demander de sortir était une erreur, l’idée ne semblait lui convenir sous aucun prétexte dans un premier temps et de deux comment ne pas succomber devant les charmes d’une telle déesse.
« Rooh tu gâches le moment-là ! Il y avait de l'émotion c'était beau ! » Elle était à moitié déçue, en effet elle s’attendait à ce que son amie s’en aille et la rejette après ses derniers propos elle s’est toute de suite sentie rassurée dès qu’elle s’est mise à s’approcher d’elle-même…  
Elle sentit la main de Yuugiri tremblante passer sur son front. On pouvait sentir une douce chaleur émaner de celle-ci, elle était tout aussi douce, on pouvait comparer sa caresse à du tissu en coton molletonné. Elle savait qu’elle avait du mal et ne savait pas trop ce qu’elle faisait mais Tekinae a choisi de ne pas réagir et de la laisser faire…
Elle ouvrit un œil lorsqu’elle entendit la pique de sa camarade et vit une petite tentative de sourire qui lui réchauffa le cœur.
« Comment tu le ferais vraiment vraiment vraiment ? Lorsqu’elle entendit ses mots elle se leva précipitamment, cette révélation ne pouvait que lui faire plaisir après tout… Dans son regard elle voyait qu’elle parlait avec sincérité même s’il est clair qu’elle n’étais pas à l’aise. Elle lui saute dessus -Encore une fois- pour la câliner. Elle frottait sa joue contre la sienne. Elle pouvait sentir qu’elle était gênée, sa chaleur corporelle augmentait surtout au niveau du visage, elle rougissait.

« Allons fêter ça tout de suite chez toi ! Enfin tu as bien un chez toi rassure moi ? » Ne pouvant attendre d’arriver chez Yuugiri, elle décida d’ouvrir la bouteille de saké et commença à en boire…  
Pendant qu’elles marchaient au travers de la prairie elle lui dit « Tu sais ma petite Yuu’, en vrai je t’aime, tu es un amour… Je ne regrette pas de t’avoir connue… » Elle n’était déjà plus sobre pour une raison quelconque elle qui habituellement a une forte tolérance à l’alcool, était déjà soule après quelques gorgées du précieux breuvage… A la fin même de sa phrase elle trébucha sur une racine des racines d’un cerisier…

Il allait sans dire que Tekinae était un personnage aux couleurs aussi riches que son caractère. Elle était chaleureuse, spontanée, joviale. Une petite boule d'énergie presque lumineuse mais, par-dessus tout, elle était cruellement imprévisible. Il fallut à Yuugiri un effort monstre pour ne pas la repousser dès l'instant même où sa semblable bondit dans sa direction. Un autre plus monstrueux encore pour ne pas se braquer lorsqu'elle commença à activement frotter sa joue contre la sienne. « Tekin-- » Sa voix mourût dans un soupir résigné mais elle prit la peine de lui rendre son étreinte, ne serait-ce qu'un peu, incapable de glisser ses mains plus loin que les omoplates de la Kami du feu, à l'heure actuelle. Et lorsqu'elle la relâcha, enfin, Yuugiri sentit presque son coeur se dénouer du trop plein d'anxiété qui l'avait comprimé, comme s'il réapprenait à respirer. « Je ne suis pas tactile pourtant, tu devrais le savoir. » Fait que le vent balaya aussi vite que la peine de Tekinae alors que cette dernière entamait joyeusement la marche vers le bout de la prairie, sa bouteille d'alcool collée à sa bouche.

Yuugiri haussa brièvement les épaules à sa déclaration et, à peine ébranlée, la guida en direction de la petite cabane abandonnée qu'elle avait investie depuis peu, ne s'arrêtant que pour la rattraper instinctivement lorsqu'elle vit son amie chanceler. « ... Tu n'es définitivement pas faite pour boire de l'alcool. » Répondre à son aveu ? Plus tard. Yuugiri n'avait pas pour habitude de faire dans la tendresse et, persuadée que Tekinae ne tiendrait assurément pas jusqu'à la cabane, elle favorisa de tout d'abord reprendre sa forme animale. Imposante de sagesse néanmoins sauvage. « Grimpe, je vais t'emmener. Mais je te dévore si tu vomis dans mon pelage. » La menace invoquait très clairement des actes, cette fois-ci. Si elle n'avait pas pour prévision de réellement la dévorer, l'idée de la mordre assez fort pour la réveiller ne semblait pas la déranger le moins du monde et ce fut après un bref regard lourd de sens que la louve s'abaissa afin de lui donner matière à grimper sur son dos.

Tekinae savait bien que son amie louve n’était pas tactile, c’en était même logique vu son attitude mais elle ne pouvait s’empêcher de la forcer à sortir de sa zone de confort à chaque fois, on pouvait même dire que ça l’amusait parfois elle se sentait utile à quelque chose. Vraiment utile ? Elle ne le savait pas mais elle se contentait de ce sentiment et ne se posait pas plus de questions.  Face aux propose de son amie elle faisait mine de ne rien entendre et continuait son bout de chemin…
« […] Je vais très bien… Vraiment » Elle n’allait vraiment pas bien elle cherchait à lui tenir tête pour une raison qu’elle-même ignore. Tekinae n’était plus en état de réfléchir et laissait uniquement son instinct et son impulsivité dicter ses actes… Elle titubait énormément… Si Yuugiri n’était pas là pour la rattraper elle serait forcément encore tombée plusieurs fois par terre.
Lorsque cette dernière se transforma en sa nature de loup sauvage, Tekinae était stupéfaite, elle avait déjà auparavant vu cette apparence mais elle n’en reste pas moins toujours plus qu’impressionnante. Cette forme si belle comme si elle était dessinée par un peintre renommé. Cette forme parcourue de long poils noirs qui semblent réchauffer le cœur de celui ou elle qui pourrait s’y perdre en son sein. Cette forme qui pourrait vous arracher la tête d’un simple « coup de patte », de quoi faire peur à beaucoup d’humain tentant d’entrer en son territoire en soit.
« Ça faisait tellement longtemps que je ne t’avais pas vue sous cette forme, c’est toujours aussi fascinant qu’auparavant… » Elle ne savait pas si elle devait répondre ou non à sa dernière phrase elle trouvait cela un peu insultant qu’elle puisse penser qu’elle pourrait perdre le contrôle de son corps et ne plus connaitre ses limites… Elle ne pensait pas qu’elle mettrait ses menaces à jour par ailleurs.
« Je ne le ferais pas. » Dit-elle sèchement avec un air bougon. Ses longs poils était si doux presque aussi doux que sa peau. Et elle pouvait sentir la chaleur corporelle de Yuugiri elle se sentait tellement à l’aise sur son dos qu’elle s’est endormie.  A son réveil elles étaient déjà arrivée dans la petite cabane de la Déesse louve. Elle se réveillait doucement et découvrait les lieux...
 

Lorsque Tekinae rouvrit finalement les yeux, le jour commençait à décliner à travers la fenêtre, colorant le bois de la petite cabane d'une brume dorée qui voleta jusqu'aux cheveux, dénoués, de Yuugiri. Elles n'étaient arrivées que peu de temps auparavant, à peine ce qu'il fallait à la déesse louve pour arranger brièvement un lit improvisé à son amie avant qu'elle ne s'octroie finalement quelques longues minutes de tranquillité, sur le rebord de la fenêtre.
Découpée dans un bois solide mais non moins vieux, la maisonnée était tout juste assez grande pour contenir un lit, une table et une petite cuisine. Une légère odeur d'herbe fraîchement coupée flottait dans l'air et, si elle n'avait pas encore réellement été reprise par la nature, la mousse qui commençait à ronger ses fondations laissait à croire que la forêt commençait à manifester son intérêt. Juste ce que Yuugiri aimait, en dépit de son caractère étranger. Elle avait beau ne pas vouloir se présenter aux hommes, ils n'en étaient pas moins doués pour employer la nature à leur avantage.

« Tu te sens mieux ? »
C'était davantage une formalité qu'une réelle question. Tekinae avait beau sembler impulsive et excessive, elle semblait connaître ses limites, et Yuugiri ne se serait assurément pas permise de les insulter.
Un imperceptible sourire étirant ses lèvres, la Kami redescendit lentement sur le sol dans un froissement de tissu presque inaudible et s'installa au bord du lit en veillant à ne pas empiéter sur l'espace personnel de Tekinae. « Je te prêterai cet endroit afin que tu puisses t'y reposer quelques jours, si tu veux. » Elle n'en avait pas spécialement besoin, après tout. Et son amie semblait cruellement nécessiter de se ressourcer, ne serait-ce qu'un peu. « Je viendrai t'y voir, mais je ne pourrai probablement rester avec toi tous les jours, cela dit. »

Doucement elle se réveillait, un rayon de soleil tapant dans ses pupilles rouges, une douce brise avec une odeur de nature, celle pour qui vivre loin de toute civilisations est anodine mais pour d’autres sont inconnues et ma foi plaisante. Elle se rendait compte qu’elle était dans ce qui semblait être un lit, fait à la va vite, mais qui était une attention toute particulière, ça lui réchauffait le cœur de se savoir si bien traitée par Yuugiri. Elle avait quelque peu mal à la tête, rien de bien grave juste une légère migraine, qui disparut à la vision de son amie avachie sur un rebord de fenêtre. Il y avait un halo de soleil autour d’elle, l’on aurait pu presque croire que cette dernière était illuminée comme un ange. Ça se voyait qu’elle était dans son élément… Elle se rappela ses mots d’hier soir et elle regrette même de vouloir la sortir de sa si magnifique nature. Et puis même qui sait ce qui pourrait arriver à sa forêt si Yuugiri disparaissait pendant ne serait-ce qu’une semaine. Elle qui se bat tous les jours pour que les humains ne lui arrachent son havre de paix.
« Humm… ça va parfaitement bien » Dit-elle en s’étirant comme un chat « J’ai parfaitement bien dormi… » Elle attendit quelques secondes et se rendis compte d’un chose, d’une gaffe qu’elle a faite… « Attends ! Je ne me serais pas endormie sur toi hier soir par hasard ? Oh je suis confuse…  Je… N’ai aucune excuse. Pardonne-moi » Ses joues commençait à devenir rouge de honte, elle se sentait si bien qu’elle n’a plus fais attention à son environnement ni à Yuugiri. C’est vrai qu’il n’était pas difficile ne pas se sentir à son aise aux côtés de celle-ci quand on en vient à bien la connaitre, mais elle trouvait ça quelque peu irrespectueux. Se prenait -elle trop la tête ? Surement mais c’est dans sa nature de ne pas vouloir déranger ceux qu’elle aime.
Juste après avoir entendu les derniers mots de Yuugiri elle fut prise d’une envie de s’allonger encore une fois. Dans son élan elle la tira avec elle ; Cette dernière qui semblait vouloir prendre ses distances pour ne pas la déranger -Quel Comble-.  « Tu sais tu peux te rapprocher tu ne me gêne pas. Ça n’en sera que plus simple pour moi de te remercier » Sur ces mots elle l’embrassa sur la joue en signe de gratitude, et elle esquissa un grand sourire presque enfantin, ce genre de sourire duquel on ne peut douter de sa véracité tellement il pouvait être sincère. Elle pouvait encore sentir la douce chaleur du soleil sur la peau de la Kami. « Mais je suis quand même un peu triste je ne suis pas venue ici que pour m’exiler du monde extérieur je suis surtout venue te voir toi, ça me froisse quand tu me dis que tu ne pourras pas passer toutes tes journées avec moi. Si tu as quelque chose à faire je pourrais t’accompagner… Du moins si tu le veux bien… » Elle cita cette phrase en se pinçant les lèvres légèrement. Elle commençait à sans s’en rendre compte elle-même à monter sa chaleur corporelle à tel point que cette dernière était embarrassée. Cela ne collait pas forcément à son caractère habituel. Elle aurait normalement répondu un simple merci, et puis fin de l’histoire. Que se passe-t-il donc dans la tête de Tekinae.
Il y eut un léger silence pendant un moment, le seul bruit que l’on pouvait entendre était celui des feuilles volant au vent. La déesse du feu décida au plus vite de rompre ce silence qui ne devenait que trop pesant. « D’ailleurs que veux-tu faire aujourd’hui ? »
 

« Je savais que tu t'endormirais. » murmura la déesse avec une franchise sûrement trop indifférente. Une brève grimace déforma son visage et elle soupira légèrement avant d'offrir un sourire, même imperceptible, à son amie, comme pour la rassurer. « Tu étais épuisée mais... Pas malade. » Comment pouvait-elle seulement lui en vouloir ? Yuugiri n'avait pas plus de raisons d'être vexée que d'être indignée par le comportement de sa semblable, elle n'était ni la première, ni la dernière à s'endormir dans son pelage, et les petits animaux qui peuplaient la forêt de lui avait bien assez prouvé. Preuve qu'elle n'eut même pas le temps de formuler. Sa voix s'éteignit dans un gémissement surpris avant même qu'elle n'eut le temps de parler et Yuugiri sentit son cœur s'arrêter dans sa poitrine dès l'instant même où son corps se rapprocha de celui de Tekinae. « Me... remercier ? »

Elle n'en voyait pas l'intérêt. Tout comme elle ne voyait pas non plus celui du baiser que Tekinae déposa sur sa joue, pourtant, elle ne broncha pas. Elle n'empiétait pas réellement sur son espace vital, après tout, et la louve l'appréciait bien assez pour ne pas repousser tout éventuel contact avec elle. Alors, le visage indifférent, Yuugiri laissa une nouvelle brume rosée colorer ses joues, sans toutefois démontrer une moindre émotion autre qu'un soupir, discret, lorsque Tekinae lui avoua être froissée. « … Tu es une enfant. » Ce n'était pas spécialement un reproche. Ni même une insulte. Davantage une évidence que Yuugiri pointa du bout du doigt sans penser que sa simple évocation pourrait froisser son amie. Et comme pour le démontrer, la louve se redressa légèrement afin de la regarder, aussi neutre d'ordinaire. « Je compte simplement faire le tour de la forêt. Mais tu es la bienvenue, si tu veux venir. » Elle haussa brièvement les épaules, sans la lâcher des yeux. Néanmoins curieuse de sentir sa peau se réchauffer sous la sienne. « Tu as de la fièvre ? » Et sa proposition ? Yuugiri l'avait totalement oubliée, comme soufflée. « Je peux rester avec toi le temps que tu te sentes mieux, je comptais simplement me balader, aujourd'hui. »

« Je ne suis pas une enfant ! » Dit-elle en rigolant. Elle avait déjà vécu nombres de printemps et d’hiver qu’elle ne pouvait presque plus se souvenir de combien sont déjà passés depuis sa naissance. Malgré le temps qui passe elle tient encore à garder son âme enfantine par moment, histoire de se dire que son innocence est encore là, ou encore cacher la réalité des années qui n’apparaissent pas sur sa personne.
« Fiévreuse moi ? Pourquoi tu dis ça ? Tout va bien… » Elle arborait un air intrigué sur son visage en effet elle ne se rendait pas compte elle-même de la chaleur autour d’elle. Pour une Kami du Feu c’était une température tout à fait normale, elle qui parfois s’englobe de grande flammes la plupart du temps de couleurs rouges et orangée. Finalement elle allait bien juste à son habitude elle recommençait à perdre le contrôle de ses pouvoirs sans s’en rendre compte. Rien de bien grave à priori, du moins ce qu’elle croyait encore actuellement.

Elle balaya très vite l’idée d’un début de fièvre, elle ne pouvait se permettre une fois de plus de faire croire à son amie qu’elle était malade.  « Cependant, si tu veux on peut aller se balader ! » Au fond d’elle, Tekinae n’espérait qu’une seule chose. Que l’on ne tombe pas sur des humains. Elle qui a pris pour habitude de les fréquenter et d’amuser. Elle qui a voulu s’immiscer dans la vie de ces êtres et ainsi les comprendre et apprendre d’eux. Du moins de leurs bons côtés, mais surtout les sentiments qu’ils peuvent éprouver. Était-ce une bonne chose ? La question peut se poser mais pour elle c’en était une.
« Dis j’ai une petite faim au passage, il reste du mochi ? » On pouvait presque entendre son ventre gronder de manque, elle voulait en manger quelque chose, la première chose lui venant en tête donc le fameux mochi qu’elle avait ramené la veille. Elle n’était pas sure qu’il en restait encore. Après tout Yuugiri avait il lui semble adoré ces petites pâtes de riz.
 

Yuugiri ne tenta même pas de voiler la légère incrédulité qui prit place sur son visage. « Mh. Ils sont sur la table. » Son menton se redressa dans un bref mouvement, désignant la petite boîte posée sur la surface au pied du lit et elle s'installa sur le bord du matelas lorsque Tekinae l'eut finalement relâchée. Elle avait un mal fou à cerner tous les détails de la personnalité de sa semblable, parfois. Tantôt bien trop enthousiaste, Tekinae était capable de se perdre dans des humeurs bien trop différentes d'un instant à l'autre pour que Yuugiri ne puisse réellement prévoir quoi que ce soit et, si elle s'agaçait parfois du fait de se laisser surprendre, la déesse louve avait néanmoins bien assez confiance en son amie pour ne pas trop souvent manquer de la décapiter. « Teki... » Sa voix s'éteignit dans un murmure un peu plus doux que d'ordinaire et elle glissa ses doigts dans ses propres cheveux pour les ramener le long de son épaule. « Est-ce que tu es malheureuse, là où tu vis ? »

Elle s'inquiétait. Réellement. Tekinae avait beau être faite d'un enthousiasme aussi tenace que le feu qu'elle représentait, elle n'était absolument pas douée, lorsqu'il était question de mentir. Et Yuugiri n'était assurément pas celle qui le lui cacherait. « Ou est-ce qu'il s'est passé quoi que ce soit ? » Elle avait pleuré, ri, bu, dormi. Son comportement était passé d'un extrême à l'autre sans même que la louve n'ait le temps de le comprendre et, si elle était habituée aux tendances lunatiques de Tekinae, Yuugiri ne croyait pas un seul instant qu'elle pouvait se montrer aussi exubérante en temps normal. Ou alors elle la connaissait réellement très mal. « Tu peux m'en parler pendant notre balade, si tu en as envie. Ou ne rien dire, c'est comme tu veux. Peu m'importe, tant que ça te va à toi. »
Elle n'insista pas plus, se redressa du matelas et arrangea maladroitement ses vêtements, après s'être étirée. Si Tekinae tenait à lui parler, elle le ferait. Probablement. Et ce fût sur cette pensée qu'elle renoua ses cheveux à l'aide de son éternel ruban, tout en se dirigeant déjà vers la sortie du petit cabanon. « Je t'attends dehors. »

A peine avait-elle eu le temps de se lever pour aller chercher de quoi manger dans cette jolie petite boîte et de poser ses crocs dedans que les mots de Yuugiriont réussi à la glacer sur place. Son visage qui avait eu le temps de se réchauffer l'espace de quelques instants s'est tout de suite assombri. Elle s’était assise par terre en faisant attention d’être dos à Yuugiri. J'ai merdé. C'est la première chose qu'elle s’était dite elle qui voulait justement voir Yuugiri et ne pas apporter ses soucis et ses problèmes avec elle…  Mais Tekinae ou liait à quel point elle pouvait devenir transparente et sans défense devant ses proches.  Elle ne pouvait plus lui faire face et ne savais plus comment réagir. Mais tout ce que disait Yuugiri était vrai et elle le savait au fond d’elle. Elle ne pensait pas à mal non plus de sa démarche cela prouvait encore une fois à quelle point la louve pouvait tenir à la petite bouille de Teki’.
“Je… “ ce sont les seuls mots qui ont pu sortir de sa bouche elle se retenait de toutes ses forces de ne pas éclater en sanglots. Elle commençait à haleter doucement elle essayait tant bien que mal de le cacher encore une fois pour ne pas importuner son amie. Elle avait déjà auparavant perdu nombre de proches qui se disaient amis mais disparaissaient dès que les problèmes arrivent… Et s’il y a bien une chose que Tekinae ne voulait pas perdre à l’heure actuelle c’était bien Yuugiri.
Lorsque la déesse louve décida de sortir pour l’attendre dehors, Tekinae se sentit bête de ne pas avoir pu décrocher le moindre mot…  Elle sentit un flot d’émotion jaillir et elle et craqua.
Elle était allongée dans une position peu confortable ses cheveux trainaient sur le sol et on pouvait l’entendre pleurer. Elle resta dans cet état une petite dizaine de minutes.  Puis elle se ressaisit.
Elle sort alors de la demeure de son amie s’allume une cigarette et la rejoint.
« Désolé de t’avoir faite attendre. Il m’en faut un peu de temps pour être belle ! » Elle arborait un sourire qui sonnait encore faux et cela se voyait.
« Je… Désolée. Tu as surement dû m’entendre et ce serait hypocrite de ma part de faire comme si tout allait bien. » Elle avait peur du regard que Yuugiri pouvait poser sur elle donc elle se mit à marcher quelques pas devant cette dernière histoire qu’elle ne voit pas la tristesse que pouvait arborer son visage.
« A quoi bon continuer de vivre je n’ai plus aucune envie. Je n’ai aucun rêve aucune aspiration. Si je suis encore en vie à l’heure actuelle c’est grâce à tout ces humains me vénérant dans mon temple. Du moins celles qu’ils croient vénérer, sinon comment pourrais-je me balader parmi eux sans qu’ils ne se doutent de quoi que ce soit.
La triste vérité est que je n’ai plus l’envie de vivre. Pourquoi me demanderas-tu surement ?
Tout simplement je suis lassée de cette vie. Pas grand-chose ne m’amuse, mes journées sont interminables et longues et sans intérêt… Et souvent je me sens si seule. Ce serait d’ailleurs te mentir si je ne t’avouais pas que je suis venue te voir pour ressentir un peu de chaleur par chez toi. Malgré ton côté froid et asocial je t’aime quand même. Car là-dessous je sais qui est l’adorable Yuugiri qui est là. Finalement je ne cherchais que du réconfort. Hmph Quelle tristesse. Pardonne-moi mon amie » Elle écrasa son mégot de cigarette sous sa chaussure et le rangea dans une petite boite d’allumette. Sur cette boite l’on pouvait y voir figurer les mots « Hope & Feel – Cheer up Your life Each time You crack a match » Tekinae ne put s’empêcher en lisant ces mots de pousser un rire en coin qui s’effaça très vite. Elle prit une allumette et l’alluma « Tu vois on pourrait comparer la vie humaine à cette allumette elle est tout petite flambe très vite et il suffit que je la prenne dans mes mains pour qu’elle disparaisse, alors que pour nous Kami elle est totalement différentes » Elle fit jaillir de grande flammes bleue de ses mains
« Pour nous autres kamis elles est grandiose, longue et insaisissable,  jusqu’à ce que l’on nous oublie, petit à petit, pour tout simplement disparaître sans que personne ne se souvienne de quoi que ce soit. N’est-ce pas triste finalement ? »
Un vent vint éteindre la flamme dans ses mains. Cela pouvait être interprété comme un signe de mauvais présage… Du moins c’est l’impression que Tekinae eut.
Tekinae se rappela alors le dernier rêve qu’elle avait fait, ou elle y voyait une certaine personne qu’elle aimait, un être humain, un sorcier tourmenté, qu’elle avait voulu aider et libérer de son démon. Mais elle ne se souvient que de l’avoir tué en fin de compte. Elle se souvient aussi au réveil d’avoir cette sensation du sang sur les mains. Inexplicable pour quelque chose tout droit sorti d’un rêve ou bien un cauchemar ? Qui sait ?
Elle fit part de cette anecdote à son amie et elles continuèrent à marcher inlassablement.

« Et si finalement cette histoire était vraie ? » L’on pouvait lire une certaine forme de tourmente sur le visage de Tekinae… Elle n’avait plus la tête en place. Petit à petit sans qu’elle ne s’en rende compte elle fut prise d’une fulgurante migraine qui lui faisait souffrir le martyr. Si fort qu’elle en tomba par terre se tenant la tête et criant de douleur.